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DOI: 10.1055/s-2008-1066966
Tendances temporelles du taux de détection des adénomes colorectaux en population générale
Introduction: La détection des adénomes permet d'envisager la prévention secondaire du cancer colorectal. Au cours des dernières décennies, l'offre de soins et les techniques endoscopiques ont progressé mais leur influence sur le taux de détection des adénomes colorectaux n'est pas connue.
L'objectif de ce travail était d'étudier l'évolution sur 24 ans du taux de détection des patients atteints d'adénomes dans la population de Côte-d'Or, et d'estimer la proportion d'individus porteurs d'adénomes, détectés pour la 1ère fois au cours de la période d'étude.
Patients et Méthodes: Ce projet s'appuie sur le seul Registre de population en France qui recueille, depuis le 1er janvier 1976, tous les cas de polypes colorectaux diagnostiqués sur l'ensemble d'un département. Les taux de détection des adénomes ont été standardisés selon la population mondiale de référence. Les taux de variation annuelle ont été estimés à l'aide d'une régression de Poisson. Les données de prévalence d'une série autopsique réalisée dans le département ont permis d'estimer la proportion d'individus atteints d'adénomes effectivement diagnostiqués pour la première fois entre 1976 et 1999.
Résultats: Au cours des 24 années d'étude, le diagnostic d'adénome a été porté pour la 1ère fois chez 11 027 individus. Le taux standardisé de détection était de 89,6 pour 100,000 hommes et 50,3 pour 100,000 femmes. Entre 1976 et 1993, le taux annuel de détection des adénomes a augmenté en moyenne de 6,9% chez les hommes et 8,9% chez les femmes. Ces pourcentages étaient respectivement de 17,1% et 22,3% pour les adénomes du colon droit, de 7,5% et 9,1% pour les adénomes du colon gauche, et de 2,2% et 5,5% pour les adénomes du rectum. Les pourcentages de variation annuelle du taux de détection des adénomes à haut risque de transformation maligne (taille ≥1cm, contingent villeux ou dysplasie de haut grade) était de +7,2% chez les hommes (p<0,001) et +8,0% (p<0,001) chez les femmes. A partir de 1994, le taux des adénomes détectés était en légère diminution. Le pourcentage de variation annuelle pour les adénomes à haut risque de transformation maligne était de -1,5% chez les hommes (p=0,42) et +1,0% chez les femmes (p=0,67). Pour les autres adénomes, ces pourcentages étaient respectivement de -4,2% (p=0,009) et -2,0% (p=0,30).
Nos données sur la prévalence des adénomes ont permis d'estimer qu'en 24 ans, environ 20% des hommes et 16% des femmes atteints d'adénomes ont été diagnostiqués. Pour les gros adénomes (≥1cm) ces proportions étaient respectivement d'environ 15% et 12%.
Conclusion: Cette étude en population générale a montré une augmentation du taux de détection
des adénomes colorectaux jusqu'en 1993. Depuis, il s'est stabilisé. La proportion
des adénomes détectés est trop faible pour que l'endoscopie, telle qu'elle est pratiquée
actuellement, permette de diminuer significativement l'incidence du cancer colorectal.
Ceci souligne l'intérêt de la généralisation du dépistage organisé en cours en France.
(153, 160, 124)