RSS-Feed abonnieren
DOI: 10.1055/s-2008-1066963
Le dépistage organisé du cancer colorectal par recto-sigmoïdoscopie est faisable en France
Objectif: Malgré les preuves théoriques de son efficacité, le dépistage du cancer colorectal (CCR) par recto-sigmoïdoscopie (RS) n'a jamais été évalué en France. Le but de ce travail était d'évaluer l'acceptabilité et le rendement de l'adjonction d'une RS au dépistage organisé (DO) du CCR par Hemoccult (H).
Patients et Méthodes: Tous les résidents de 55 à 64 ans d'un canton d'un département pilote pour le DO par H étaient invités par courrier à consulter leur médecin généraliste (MG) pour un dépistage par RS. La RS était réalisée avec un vidéo gastroscope avec l'objectif d'explorer le rectum et le colon aussi loin que possible sans douleur. Une coloscopie était indiquée en cas d'adénome.
Résultats: Sur 2478 résidents, 295 étaient exclus du DO et 359 du dépistage par RS. 1824 étaient éligibles, 1159 avec test H négatif (H-) et 665 n'ayant pas participé au DO par H (HØ). 382 RS étaient réalisées en un an, soit un taux de participation de 20.9%, significativement plus élevé chez les hommes que chez les femmes (23,8% vs. 18,2%) et chez les 60–64 ans que chez les 55–59 ans (26,2% vs. 17,6%) (p<0.01). Il était de 1,8% chez les HØ et de 31,9% chez les H-. Ce dernier taux était >50% dans la clientèle de 26 MG motivés, significativement plus élevé chez les 42 MG ayant ≥5 patients éligibles (34.1%) que chez les 72 MG ayant <5 patients éligibles (23,2%) (p<0,01). Il était de 35.0% chez les 17 MG du canton et de 29,7% chez les 97 MG hors canton (p=0,07). 199 RS (52,1%) dépassaient l'angle gauche et 41 (10,7%) étaient techniquement inadéquates. 64 coloscopies (16.8%) étaient indiquées (58 réalisées à ce jour). Parmi les 370 personnes H- étaient dépistées 2 (0,5%) personnes avec cancer, un rectal et un sigmoïdien, 51 (13,8%) avec adénome dont 30 (8,1%) avec adénome avancé et 14 (3,8%) avec adénome ≥10mm (15 (3,9%) avec adénome proximal dont 5 (1.3%) avancés). 1096 personnes de 55 à 64 ans du même canton avaient été dépistées par H au cours de la 1ère campagne (participation 59,0%) avec 25 tests positifs (2,3%) et 24 coloscopies réalisées. 1 (0,09%) cancer proximal était dépisté, 10 (0,9%) personnes avec adénome (aucun proximal) dont 4 (0,4%) avancés. Le dépistage par RS détectait 6.6 fois plus de néoplasies avancées pour 1000 personnes éligibles (17,9) que celui par H (2,7) (3,4 fois plus si l'on compare avec l'ensemble du département (5,2)). 87,3% des personnes estimaient la RS pas ou peu douloureuse. Seules 2 personnes regrettaient d'avoir fait la RS et 97,7% étaient prêts à la refaire. Aucune complication sérieuse n'était observée (3 malaises vagaux).
Conclusion: Le dépistage par RS est faisable en France et peut être associé au DO par H. Sans battage médiatique ni relance et malgré une procédure écrite de consentement éclairé, la participation est similaire à celle du dépistage par H après la 1ère invitation. Elle peut être significativement améliorée grâce aux enseignements de cette étude. Comme pour le dépistage par H, le MG a un rôle essentiel pour convaincre les personnes de participer. La tolérance est excellente et le rendement élevé, y compris chez les personnes ayant un test H négatif. Le seuil adopté pour l'indication de coloscopie conduit à un taux trop élevé de coloscopies et doit être modifié.
(124, 160, 130)