Endoscopy 2008; 40 - P68
DOI: 10.1055/s-2008-1066926

Chimiothérapie versus prothèse oesophagienne comme traitement de première intention de la dysphagie maligne des cancers de l'œsophage inopérables

I Mabile 1, E Mitry 2, B Landi 3, S Reignier 4, F Prat 3, V Veuillez 2, A Lievre 2, C Lepere 5, G Lesur 5, C Cellier 3, P Rougier 5
  • 1Nantes
  • 2Boulogne Billancourt
  • 3Paris
  • 4Issy les Moulineaux
  • 5Boulogne

Introduction: Le but de notre étude était de décrire rétrospectivement deux stratégies de prise en charge de la dysphagie maligne des tumeurs inopérables de l'oesophage: chimiothérapie (CT) première ou prothèse œsophagienne (P) première associée ou non à un traitement anti-cancéreux ensuite.

Patients et Méthodes: Entre janvier 2000 et décembre 2005, 71 patients ayant un cancer de l'œsophage inopérable avec dysphagie, pris en charge dans deux centres universitaires, ont eu une analyse de l'évolution de la dysphagie, de la nécessité de mettre en place une P dans un second temps en cas de CT première, des complications et de la survie. Une comparaison a été faite entre les deux stratégies.

Résultats: Groupe P: 29 (41%) pts, groupe CT: 42 (59%) pts. Les deux populations n'étaient pas différentes. Hommes: 47 cas (66%). Age médian 65 ans (range: 31–101). Etat général OMS 0–1 68%, amaigrissement >10%: 66%, dysphagie sévère (grade moyen: 2,9). Localisation tumorale: 1/3 supérieur 20%, 1/3 moyen 31%, 1/3 inférieur 32%, cardia 17%. Tumeur franchissable en endoscopie: 65%. Histologie tumorale: carcinome épidermoïde 68%, adénocarcinome 31%, tumeur endocrine 1%. Stade tumoral T3-T4: 72%, M+ 53%.

Groupe CT (LV5FU2-P 69%): amélioration de la dysphagie dans 69% des cas (29/42 pts), après 2 cures en médiane (range: 1–7). Réponse à la CT: Réponse objective 45,2%, stabilité 16,7%, progression 28,6%, NE 9,5%. Récidive de la dysphagie après amélioration initiale dans 62% des cas (18/29 pts), avec un intervalle libre de 3,4 mois en médiane (range: 0,5–24,4). Mise en place d'une P chez ces 18 pts (42,9% du groupe CT) après un délai médian de 6,6 mois depuis l'apparition de la dysphagie (vs 2,98 mois pour le groupe P). Taux de réponse à la CT significativement moins bon chez ces 18 pts (27,8% vs. 58,3%, p=0,02). Dans le groupe P, 15 patients ne recevaient aucun traitement anti-tumoral (51,7%). Récidive de la dysphagie dans 71% des cas (15/21 pts). Nécessité de la pose d'une 2e prothèse dans 33,3% des cas (vs 11,1% pour le groupe CT, ns). Complications précoces liées aux prothèses: P=14,27%, CT=27,78% (ns), complications tardives: P=57,2%, CT=61,1% (ns). Survie médiane: CT 11,25 mois, P 5,38 mois (P + traitement antitumoral: 8,9 mois, P sans traitement antitumoral: 3,4 mois).

Conclusion: Une chimiothérapie première efficace permet une amélioration rapide et prolongée de la dysphagie. Cette stratégie permet de débuter un traitement antitumoral sans délai et d'éviter la mise en place d'une P dans plus de la moitié des cas. La mise en place d'une P reste la référence lorsqu'aucun traitement antitumoral n'est envisagé.

127, 63,