Endoscopy 2008; 40 - CO69
DOI: 10.1055/s-2008-1066904

L'amplification du gène hTERC par FISH des adénocarcinome pancréatiques est-elle un marqueur de progression tumorale? Etude de 35 ponctions pancréatiques à l'aiguille fine sous écho-endoscopie

K Drak Alsibai 1, L Palazzo 2, S Ferlicot 3, C Guettier 3, M Fabre 3
  • 1Le Kremlin-Bicêtre
  • 2Paris
  • 3Le Kremlin Bicêtre

Introduction: La ponction sous écho-endoscopie (EE) est l'examen de référence pour porter un diagnostic de malignité. La télomérase, enzyme absente dans la plupart des cellules somatiques, est exprimée dans une grande majorité de cancers. L'activité télomérase associée à sa stabilisation est une caractéristique des cellules immortalisées. La sous-unité ARN de la télomérase humaine (hTERC) sert de molécule matrice lors de la synthèse des répétitions télomériques. Le gène codant pour cette sous-unité est localisé en 3q. Des études moléculaires sur le cancer du pancréas ont permis de détecter une activité télomérase élevée, ainsi que des gains du 3q. A ce jour, aucune étude n'a été publiée sur l'amplification éventuelle du gène hTERC avec une sonde locus spécifique 3q26 utilisant la technique d'hybridation fluorescente in situ (FISH) sur des échantillons provenant de ponctions pancréatiques. Cette étude a pour but de connaître le type d'échantillons le plus adapté à l'utilisation de la technique FISH: suspensions cellulaires ou coupes en paraffine et de déterminer si l'amplification du gène hTERC est corrélé au diagnostic de cancer du pancréas.

Patients et Méthodes: Etude prospective (novembre 2006 à septembre 2007) de 35 patients (14H, âge moyen 65 A), ayant un bilan d'extension locorégionale (scanner +/- IRM +/- TEP et EE). Le diagnostic était fait à partir d'échantillons provenant de ponctions à l'aiguille fine guidées sous EE et comportant un recueil de cellules en milieu liquide (Cytyc®) et un enrobage dans un gel avant inclusion en paraffine (Shandon cytobloc®). La technique de FISH concernait 70 échantillons (une paire de prélèvements pour chaque ponction) utilisant la sonde 3q26/CEP7 (Master Diagnostica®) et la sonde 3q26/CEP3 (Kreatech®). Les sondes étaient marquées avec deux fluorochromes (Rhodamine et FITC).

Résultats: Dans 32/35 (91%) les signaux fluorescents étaient identiques sur les cellules en milieu liquide et le cytobloc. Dans 3 cas, le cytobloc était négatif (absence de signal). Les diagnostics étaient classés en 4 groupes: G1: adénocarcinome canalaire (n=22), G2: TIPMP malignes et tumeurs endocrines (n=8), G3: pancréatites (n=3) et G4: groupe contrôle d'adénopathies inflammatoires (n=2). En G1 une amplifications du gène hTERC était présente dans 8/22 (36%) des adénocarcinomes dont 3 bien différenciés et 4 moyennement différenciés. Tous les cas amplifiés étaient des adénocarcinomes de stade avancé à l'imagerie (stade III ou IV). Une tétraploïdie était détectée dans 3/22 (14%) des adénocarcinomes. Il n'y avait pas d'anomalies de 3q26 dans les autres tumeurs de G2 ni dans les pancréatites de G3, ni dans le groupe contrôle de G4.

Conclusion: La technique FISH est plus simple et plus reproductible sur les suspensions cellulaires que sur les cytoblocs, la sonde 3q/CEP3 permettant d'identifier les aneuploïdies éventuelles. Cette étude moléculaire a permis de détecter l'amplification de hTERC dans 36% des adénocarcinomes pancréatiques, tous de stade avancé à l'imagerie. Cette amplification du gène hTERC, non corrélée au grade histologique, pourrait être un marqueur de progression tumorale des adénocarcinomes pancréatiques. Remerciements: ce travail a été réalisé à l'aide d'une bourse SFED/AstraZeneca.

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