Endoscopy 2004; 36 - 66
DOI: 10.1055/s-2004-820757

À long terme d’une série prospective de 46 patients porteurs d’un endo-brachyoesophage éradiqué par électrocoagulation par plasma d’argon et oméprazole

J Boyer 1, B Vielle 2, P Burtin 1, N Oberti 1, A de La Roche 1
  • 1Service de Gastroentérologie, CHU, Angers
  • 2Service de Biostatistique, CHU, Angers

But: 1) Evaluer l’efficacité à long terme de l’éradication de l’endo-brachyoesophage (EBO) par électrocoagulation par plasma d’argon (APC) et oméprazole (OME) sur la prévention de la dysplasie et de l’adénocarcinome. 2) Apprécier les facteurs prédictifs de récidive de l’EBO après éradication. Patients et Méthodes: De mai 1995 à octobre 2000, 50 patients porteurs d’un EBO ont été inclus après information et consentement éclairé dans un protocole d’éradication par APC et OME puis de suivi à long terme après éradication complète endoscopique et histologique de l’EBO; 4 patients ont été exclus du protocole après échec d’éradication complète après 9 séances d’APC (n = 2) et décès survenus avant le premier contrôle endoscopique (n = 2). Parmi les 46 patients inclus (44 H, 2 F; âge moyen: 58,3 ± 11,9 ans), 5 patients avaient initialement une dysplasie de bas grade (DBG) et 14 une dysplasie de haut grade (DHG). Après éradication complète de l’EBO confirmée par endoscopie et biopsies, tous les patients recevaient un traitement d’OME 20 mg matin et soir; 13 patients étaient traités au cours du suivi par chirurgie anti reflux; en cas de récidive du RGO après chirurgie, l’OME était repris. Une surveillance endoscopique et histologique était effectuée tous les 6 mois; 4 biopsies étaient faites sur la ligne Z à chaque quadrant et sur d’éventuels ilôts ou languettes d’EBO, et 4 à 6 biopsies sur le bas ésophage dans les zones ré-épithélialisées; les récidives n’étaient pas éradiquées sauf en cas de DHG. Résultats: La moyenne de suivi était de 63,0 ± 18,4 mois; 17 patients ont présenté une récidive d’EBO ( 36,9%) dont 16 dans la première année de suivi; la hauteur maximale était de 10 mm et est restée stable tout au long du suivi; une métaplasie intestinale (MI) de la jonction oeso-gastrique était retrouvée chez 24 patients; une DBG était notée chez 4 d’entre eux ; des glandes en MI étaient retrouvées chez 4 patients dans le chorion du bas ésophage en zone ré-épithélialisée; aucune DHG ou adénocarcinome n’était retrouvée. En analyse univariée, une hernie hiatale (HH) > 3 cm, la non observance du traitement par OME, la persistance de signes cliniques de RGO, la survenue d’une oesophagite, la chirurgie anti-reflux, le score pH-métrique nocturne étaient significativement des signes prédictifs de récidives. En analyse multivariée, seules la HH > 3 cm et la non observance des IPP restaient significatives. En pH-métrie, le score pH-métrique nocturne était de 0,04 ± 0,14 en cas de non récidive et de 3,0 ± 4,1 en cas de récidive (p = 0,0001). Conclusion: L’éradication complète des EBO en DBG ou DHG par APC et OME suivie d’un traitement intensif du RGO est un traitement efficace dans la prévention de la DHG et adénocarcinome. Toutefois, ce traitement très astreignant ne peut être proposé qu’à des patients à haut risque de cancer, informés et motivés.