Endoscopy 2004; 36 - 57
DOI: 10.1055/s-2004-820748

Etude clinique de dix-sept polyposes hyperplasiques

M Mozer-Bernardeau 1, B Terris 2, S Grandjouan 1, S Chaussade 1
  • 1Service de Gastroentérologie, CHU Cochin, Paris
  • 2Service d’Anatomie Pathologique, CHU Cochin, Paris

But: La polypose hyperplasique est une entité récemment décrite et rare puisque seulement une cinquantaine de cas a été rapportée dans la littérature. Quelques formes familiales, pour lesquelles le gène responsable n’est pas connu, ont été décrites. Les quelques séries publiées tendent à démontrer que la polypose hyperplasique est associée à un risque de cancer colorectal (CCR). Le but de ce travail était de décrire les caractéristiques cliniques et endoscopiques de malades atteints de polypose hyperplasique et de répertorier les cancers associés. Patients et Méthodes: Une étude rétrospective a été menée dans les services de gastroentérologie et d’anatomo-pathologie de 16 centres de Paris-Ile-De-France. Les patients inclus présentaient les critères diagnostiques de la classification OMS: présence de polypes hyperplasiques distribués sur tout le côlon ou plus de 5 polypes hyperplasiques du sigmoïde dont deux de 1 cm de diamètre ou polypes hyperplasiques et histoire familiale de polypose hyperplasique. Résultats: Dix sept malades ont été répertoriés, 10 hommes et 7 femmes. Le diagnostic avait été posé entre 1992 et 2000. Le suivi médian était de 4,5 ans (extrêmes: 2–8). L’âge moyen du diagnostic était de 53 ans (extrêmes: 32–86). Il y avait 2 décès. Tous les malades présentaient comme critère d’inclusion, plus de trente polypes hyperplasiques distribués sur tout le côlon. Le symptôme ayant conduit le plus souvent au diagnostic était des rectorragies. Dix malades ont été opérés et il y avait 8 colectomies totales, 1 colectomie segmentaire et 1 coloproctectomie totale pour un cancer (6 fois) et une suspicion de PAF (4 fois). Seuls deux patients n’avaient pas d’atteinte rectale. Parmi tous les polypes examinés, 23% était des adénomes, des polypes mixtes ou des »serrated adenoma« et 4% était en dysplasie de haut grade. Par malade, les adénomes, les polypes mixtes et les »serrated adenoma« représentaient en moyenne 22% des polypes (extrêmes: 3–57). Cinq malades avaient un cancer du côlon et un autre un cancer du rectum; ces cancers sont survenus à un âge moyen de 54,5 ans (extrêmes: 35–74). Cinq malades (30%) avaient un antécédent familial au premier degré de cancer colique, 2 survenus avant l’âge de 60 ans et 3 après l’âge de 60 ans. Nous n’avons pas pu savoir si ces apparentés avaient une polypose hyperplasique. Enfin, il n’y pas eu de cancer extra-colique. Conclusion: La polypose hyperplasique est une entité mal connue représentant une population à risque élevé de cancer colique. Nos résultats confirment la forte association de la polypose hyperplasique avec le CCR avec 35% de malades atteints et 30% ayant un antécédent de CCR au premier degré. Les polypes à risque de dégénérescence, adénomes, mixtes, ou »serrated adenoma« sont fréquents, aussi, la colectomie préventive semble indiquée, lorsque les coloscopies ne permettent pas d’examiner la totalité des polypes.