Endoscopy 2016; 48 - A000752fr
DOI: 10.1055/s-0036-1571457

Quelle est l'histoire naturelle du volvulus du sigmoïde? Résultats d'une étude sur 83 patients

C Dagouat 1, M Le Rhun 1, N Musquer 1, G Meurette 1, Y Touchefeu 1, S Bruley des varannes 1, E Coron 1
  • 1Nantes

Résumé:

Introduction:

Le Volvulus du sigmoïde (VS) est une occlusion mécanique par torsion de la boucle sigmoïdienne autour de Taxe de son méso. C'est la troisième cause d'occlusion colique chez l'adulte; la prise en charge thérapeutique immédiate reste mal codifiée, et l'histoire naturelle des patients non documentée. Le but de ce travail était d'analyser les modalités de prise en charge et le devenir des patients adressés pour VS au sein d'un même centre hospitalier universitaire.

Patients et Méthodes:

Les données de tous les patients adressés au CHU de Nantes entre janvier 2008 et octobre 2014 avec un diagnostic clinico-radiologique de VS et ayant eu une prise en charge endoscopique ont été analysées. L'efficacité immédiate et à court terme du traitement endoscopique (aspiration, détorsion et pose d'un tube de décompression de Faucher laissé 48h), et au cours du suivi, la fréquence et la durée d'hospitalisation des récidives, le recours à la chirurgie et l'analyse des causes de mortalité des patients ont été documentés.

Résultats:

Quatre vingt trois patients (sex ratio H/F 1,5), d'âge moyen 72 ans (15 – 99) ont été inclus consécutivement. Ils étaient fréquemment institutionnalisés (48%), grabataires (32,5%) et avaient des antécédents neurologiques (58% dont 51% dégénératifs et 7% IMC). L'exsufflation avec détorsion endoscopique a été efficace et non morbide dans 93% des cas avec la mise en place d'un tube de Faucher dans 91,5% des cas. Une récidive à court terme (< 15j) a été constatée chez 23% des patients, en moyenne 4 j après l'exsufflation initiale. Les patients ont été suivis en moyenne 21 mois (extrêmes 3 – 57 mois). Durant le suivi, 38 (51%) patients sont décédés, de complications liées à la grabatisation 2 fois sur 3. Cinquante patients (68%) ont récidivé, en moyenne 3 fois (extrêmes 1 – 11) conduisant à 511 jours d'hospitalisation (moyenne: 10,2 jours par patient). Trente-deux patients (43%) ont été opérés, 7 en urgence (6 échecs d'exsufflation endoscopique, 1 patient avec lésions nécrotiques initiales, mortalité 4/7) et 25, en prévention de la récidive (sigmoidectomie avec anastomose en 1 temps, mortalité 6,8%, morbidité 22%). Il n'y a eu aucune récidive après chirurgie.

Conclusion:

Cette étude de prise en charge monocentrique du VS confirme 1) la fréquente médiocrité de l'état général de ces patients, 2) l'efficacité de la chirurgie de prévention. La fréquence des récidives chez les patients souvent fragiles ou inopérables doit inciter au développement de nouvelles approches thérapeutiques endoscopiques de prévention (pexies digestives avec irrigation colique antérograde par exemple).