Endoscopy 2014; 46(07): 733
DOI: 10.1055/s-0034-1377778
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Commentaire de travail de Arvanitakis M et al., pp. 580

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Publication Date:
30 July 2014 (online)

Marianna Arvanitakis, Johanne Rigaux, Emmanuel Toussaint, Pierre Eisendrath, Maria Antonietta Bali, Celso Matos, Pieter Demetter, Patrizia Loi, Jean Closset, Jacques Deviere, Myriam Delhaye. Endotherapy for paraduodenal pancreatitis: a large retrospective case series.

La pancréatite péri-duodénale est une entité bien définie sur le plan histologique, cependant son épidémiologie, son histoire naturelle et ses liens éventuels avec la pancréatite chronique sont mal connus. Le but de cette étude est de faire le point sur la prise en charge endoscopique et clinique de la pancréatite péri-duodénale.

Il s’agit d’une étude rétrospective et monocentrique. Cinquante et un patients présentant une pancréatite péri-duodénale, diagnostiquée entre 1995 et 2010, lors d’une imagerie par résonnance magnétique (IRM) ou d’une écho-endoscopie (EE) ont été inclus dans l’étude. Le critère principal de jugement était le succès clinique et les critères secondaires l’amélioration radiologique ou endosonographique, le taux de complications et le taux de survie globale.

Parmi les 51 patients inclus dans l’étude, une consommation chronique d’alcool était notée chez 45 (88,2 %) d’entre eux et un tabagisme chez 50 (98 %). L’âge moyen des patients était de 49 ans (37 – 70 ans) et ils étaient de sexe masculin dans la grande majorité des cas (n = 50). Les symptômes présents au moment du diagnostic étaient principalement la douleur dans 98 % des cas (n = 50). Trente-six patients (70,6 %) présentaient une importante perte pondérale (>10 % du poids total) et 26 patients (51 %) des vomissements. Une pancréatite chronique était présente chez 36 patients (70,6 %) et 45 patients (88,2 %) présentaient des kystes. Le bilan morphologique mettait en évidence la présence de sténoses du canal pancréatique principal, de la voie biliaire principale et du duodénum chez respectivement 37 (72,5 %), 29 (56,9 %) et 24 (47,1 %) patients.

Le traitement était médical chez 19 malades (37,3 %) et/ou endoscopique chez 39 malades (76,5 %) et chirurgical chez 3 patients (5,9 %). Le traitement médical consistait en l’administration d’analogues de la somatostatine (n = 13) pour une durée moyenne de traitement de 12,5 mois (1 – 24) ou en un support nutritionnel (n = 6). Le traitement endoscopique comportait 20 kysto-entérostomies (kysto-gastrostomies n = 3, kysto-duodénostomies n = 17), un drainage pancréatique et/ou biliaire (n = 19), et/ou une dilatation duodénale (n = 6). Parmi les 41 patients avec un suivi, 24 patients ont nécessité un nouveau traitement endoscopique (drainage pancréatique n = 16, drainage biliaire n = 14, kysto-entérostomie n = 8, dilatation duodénale n = 5) et 9 patients un traitement chirurgical. Après un suivi médian de 54 mois (6 – 156 mois), un succès clinique était obtenu chez 70,7 % des patients et la survie globale était de 94,1 %. Des complications sont survenues chez 3 patients ayant reçu un traitement médical (12,5 %), deux cas de thrombose artérielle et de diabète, un cas de sepsis au cours d’une alimentation parentérale. Six des 42 patients (14,3 %) ayant eu un traitement endoscopique ont présentés une pancréatite aigüe non sévère (n = 3), des hémorragies médicalement contrôlées (n = 2) et un sepsis (n = 3). La chirurgie était compliquée dans 16, 7 % des cas (2/12) avec deux sepsis, dont un source de décès.

En conclusion, la pancréatite péri-duodénale est le plus souvent rencontrée chez les alcoolo-tabagiques jeunes. Dans deux tiers des cas elle est associée à la pancréatite chronique. Elle peut cependant aussi survenir chez des patients non alcoolo-tabagiques et sans pancréatite chronique associée, suggérant qu’il peut alors s’agit d’une pathologie à part. Les symptômes sont similaires à ceux de la pancréatite chronique. La prise en charge peut être non-chirurgicale dans la majorité des cas Les résultats favorables du traitement endoscopique devront être confirmés par des études prospectives.