Endoscopy 2015; 47(07): 664-665
DOI: 10.1055/s-0035-1547139
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Commentaire du travail de Canto MI et al., pp. 582

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Publication Date:
26 June 2015 (online)

Marcia Irene Canto, Eun Ji Shin, Mouen A. Khashab, Daniela Molena, Patrick Okolo, Elizabeth Montgomery, Pankaj Pasricha. Safety and efficacy of carbon dioxide cryotherapy for treatment of neoplastic Barrett’s esophagus.

Commentaires: Julien Branche, Maxime Palazzo, Marine Camus, Gabriel Rahmi, Gilles Lesur

Le traitement endoscopique des tumeurs superficielles de l’œsophage par cryothérapie semble efficace mais les données de la littérature sont limitées. Son utilisation en clinique a été décrite la première fois en 1999. Le principe de la cryothérapie est d’exposer la muqueuse œsophagienne à un froid intense (– 196 °C ou – 78 °C, selon que les dispositifs utilisent de l’hydrogène liquide ou du CO2).

MI Canto et al. ont évalué pour la première fois l’innocuité et l'efficacité à long terme de la cryothérapie gazeuse au dioxyde de carbone (CO2) comme traitement de première intention (patients naïfs) ou traitement de rattrapage (persistance des lésions après résection endoscopique, échec de la photothérapie dynamique, de la radiofréquence ou de l’électrocoagulation au plasma argon) d'un endobrachyoesophage (EBO) associé à une dysplasie de haut grade (DHG) ou à un carcinome in situ (CIS). Le dispositif utilisé dans cette étude (Polar Wand Device, USA) utilise le dioxyde de carbone (CO2) délivré grâce à un cathéter positionné en regard des lésions sans contact et pendant une durée de 10 à 15 secondes.

Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique. Le critère de jugement principal était la réponse complète pour la dysplasie et 64 patients ont été analysés (20 patients naïfs et 44 rattrapages) avec un suivi médian de 4,2 [2,2 – 5,7] ans. Le nombre de séances de cryothérapie dépendait de la longueur de l’EBO (de 2 à 7 séances). Le taux d’échec du traitement (défini par l’absence de réponse à la cryothérapie) était de 6 % (4 patients du groupe de rattrapage). A 1 an, le taux de réponse complète pour la dysplasie après 2 contrôles endoscopiques négatifs était de 89 % (95 % après un premier traitement et 86 % après rattrapage). A la fin de l’étude, ce taux était de 91 % pour les patients naïfs et de 84 % dans le groupe rattrapage. Le taux de réponse complète à 1 an pour la MI était relativement faible (55 %) mais augmentait (70 %) lorsqu’on considérait uniquement les patients naïfs. Le taux de récidive de la MI était de 30 % chez les patients naïfs et de 31 % dans le groupe rattrapage. Cette récidive était essentiellement localisée au niveau de la jonction œsogastrique. Les facteurs associés à l’échec de la cryothérapie et à la récidive étaient: 1. le caractère multifocal de la dysplasie; 2. une hernie hiatale de plus de 3 cm de hauteur; 3. un EBO long (> 8 cm). Le taux de progression vers un cancer était faible (2,9 %). Le taux de complications était de 9 % avec essentiellement des douleurs abdominales et/ou thoraciques après les procédures. Aucune sténose n’est apparue dans le groupe des patients naïfs. Une sténose diagnostiquée chez un patient traité initialement par résection endoscopique a été traitée par dilatation. Aucune hémorragie n’a été observée.

L’efficacité et la tolérance de la cryothérapie gazeuse au CO2 est donc bonne dans cette étude. Il serait intéressant de réaliser une étude comparative en termes d’efficacité et de coût (la cryothérapie gazeuse semble être peu coûteuse) avec la radiofréquence qui est actuellement considérée en France comme le traitement de première intention de l’EBO dysplasique non nodulaire.