Endoscopy 2012; 44(08): 886
DOI: 10.1055/s-0032-1325654
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Commentaire de travail de V. Jairath et al., pp.723.

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Publication Date:
11 September 2012 (online)

V. Jairath, B. C. Kahan, R. F. A. Logan, S. A. Hearnshaw, C. J. Doré, S. P. L. Travis, M. F. Murphy, K. R. Palmer. Outcomes following acute nonvariceal upper gastro-intestinal bleeding in relation to time to endoscopy: results from a nationwide study

En cas d’hémorragie digestive haute, les recommandations internationales indiquent que l’endoscopie doit être faite au plus tard 24 heures après l'épisode hémorragique. L’endoscopie précoce, les scores et classifications cliniques et endoscopiques permettent une prise en charge adaptée et semblent réduire les coûts de la prise en charge. Une seule étude rétrospective a montré que l’endoscopie précoce permet de réduire la mortalité chez les patients à haut risque de récidive hémorragique. En l'absence d'études randomisées de puissance suffisante pour démontrer un effet de l’endoscopie précoce sur le risque de récidive hémorragique, la nécessité de recours à la chirurgie, Jairath et al rapportent les résultats de la plus grande étude observationnelle réalisée à ce jour, qui ait analysé l’impact du délai de réalisation de l'endoscopie sur l’évolution du saignement.

Cette étude prospective portant sur 4478 patients présentant une hémorragie digestive haute non variqueuse (HDHNV) a été réalisée dans 212 hôpitaux du Royaume-Uni. En utilisant des modèles de régression, elle a permis d’étudier les relations entre le délai de réalisation de l'endoscopie et des facteurs tels que la mortalité, la récidive hémorragique, la nécessité de recours à un geste d’hémostase chirurgicale ou radiologique et la durée d’hospitalisation.

L’endoscopie précoce (moins de 12 heures) n'était pas associée à une baisse de la mortalité ou la nécessité de recours à un geste d’hémostase, comparativement à l’endoscopie différée (après 24 heures) (odds ratio [OR] pour la mortalité: 0,98; IC à 95 %: 0,88 à 1,09 pour un délai de plus de 24 heures vs moins de 12 heures, p = 0,70). Chez les patients ayant eu un geste d’hémostase endoscopique, il existait une tendance non significative à une augmentation du risque de récidive hémorragique associé en cas d’endoscopie tardive (OR 1,13, IC à 95 % de 0,97 à 1,32 pour un délai > 24 heures vs. moins de 12 heures), avec une relation inverse chez les patients ne nécessitant pas d’hémostase endoscopique (OR 0,83, IC à 95 % de 0,73 à 0,95 un délai > 24 heures vs. moins de 12 heures; P = 0,003). Une endoscopie tardive ( > 24 heures) était associée à une augmentation de la durée (ajustée) d’hospitalisation (1,7 jours de plus, 95 % CI 1,39 – 1,99 vs délai 12 heures; P0,001). En cas d’endoscopie précoce, la diminution de la durée d’hospitalisation était plus marquée chez les patients à risque de récidive qui devaient avoir un geste d’hémostase endoscopique.

Il est à noter que dans cette étude, malgré les recommandations internationales, seulement 48 % des endoscopies ont été réalisées dans les 24 heures et que 61 % des patients à risque élevé de récidive hémorragique ont eu ont eu un geste d’hémostase endoscopique. De plus, au Royaume Uni, seulement 52 % des hôpitaux peuvent avoir recours à un endoscopiste et du personnel d’astreinte ou de garde. Cette étude montre que l'endoscopie précoce n’est pas associée à une réduction de la mortalité ou la nécessité d'un geste d’hémostase, mais qu’elle permet de réduire la durée d’hospitalisation et potentiellement le contrôle de l'hémorragie chez les patients à risque élevé de récidive. Ces résultats peuvent fournir des arguments aux endoscopistes pour les aider à structurer les gardes et astreintes d’endoscopie digestive face aux administrations des établissements de soins.