But
Les injections intralésionnelles de corticoïdes de longue durée d'action sont proposées
dans la prise en charge endoscopique des sténoses oesophagiennes car elles permettent
de diminuer le nombre de séances de dilatations nécessaires. Il n'existe que peu de
données concernant leur utilisation au niveau du tractus digestif inférieur. Le but
de cette étude rétrospective était d'évaluer la faisabilité et de décrire l'évolution
à long terme des dilatations endoscopiques associées à des injections de corticoïdes
dans la prise en charge des sténoses bénignes survenues sur des anastomoses chirurgicales
situées au niveau iléal, colique ou rectal.
Patients et Méthodes
Entre 1998 et 2005, 24 patients ont bénéficié d'injections de corticoïdes au cours
du traitement endoscopique d'une sténose anastomotique non néoplasique. Trois ont
eu des injections de corticoïde uniquement dans le traitement des récidives de la
sténose et ont été étudiés à part. Les anastomoses étaient réalisées dans le traitement
d'une maladie néoplasique (9), d'une maladie diverticulaire (10) ou d'une sténose
survenue dans le cadre d'une maladie inflammatoire (2). Les anastomoses étaient colo-rectales
(17), colo-colique (1), colo-anale (1), iléo-anale (1) et jéjuno-colique (1). Une
ou plusieurs séances de dilatation étaient réalisées jusqu'au calibrage de l'anastomose,
associée à une injection de corticoïdes retard (triamcinolone 40 ou 80mg) selon le
choix de l'opérateur. La durée médiane de suivi était de 21 mois. Le succès à long
terme était défini par l'amélioration des symptômes sans récidive.
Résultats
Soixante et onze séances de dilatations ont été réalisées dont 44 avec une injection
de corticoïde. Les dilatations étaient réalisées aux bougies de Savary (2), au ballonnet
hydrostatique (62) ou à l'anuscope (7). Le taux de succès immédiat des dilatations
(franchissement de la sténose par l'endoscope) était de 90%, avec un taux de complications
de 5% (1 saignement minime, 1 perforation traitée médicalement et 1 épisode fébrile).
Le calibrage de la sténose (succès à court terme) a été réalisé chez 18 patients (85,7%)
avec un nombre médian de 2 dilatations par patient. Parmi eux, 13 patients (62%) ont
eu une amélioration clinique durable (succès à long terme). 5 patients (24%) ont eu
une récidive de la sténose, traitée dans tous les cas par une ou plusieurs dilatations
supplémentaires, permettant une amélioration clinique au terme du traitement chez
tous les patients. Le facteur de risque de récidive de la sténose après calibrage
était le nombre de dilatations nécessaires au calibrage, en particulier supérieur
à 3. Les autres facteurs étudiés (nombre de dilatations sans corticoïde, antécédents
de radiothérapie, antécédents de complications post-opératoire, longueur de la sténose,
antécédent de stomie) n'étaient pas significativement associés à une récidive de la
sténose.
Conclusion
La dilatation endoscopique est une technique simple avec des complications rares et
peu graves. Les injections de corticoïdes en fin de procédure sont peu coûteuses,
faciles à réaliser, sans effet secondaire et pourraient permettre de diminuer le risque
de récidive de la sténose. D'autres études sont nécessaires pour évaluer son efficacité
et sa place dans le traitement endoscopique.