Endoscopy 2004; 36 - 61
DOI: 10.1055/s-2004-820752

A l’heure de l’allongement de survie des malades ayant un adénocarcinome pancréatique non résécable, quelle est l’efficacité à long terme des endoprothèses biliaires et duodénales?

F Maire 1, P Ponsot 1, A Aubert 1, D O’toole 1, O Hentic 1, P Lévy 1, P Ruszniewski 1, P Hammel 1
  • 1Fédération Médico-Chirurgicale d’Hépato-Gastroentérologie, Hôpital Beaujon, Clichy Cedex

Introduction: L’intérêt des endoprothèses dans le traitement palliatif des obstructions biliaires chez les malades ayant un adénocarcinome pancréatique est bien établi. Des études plus récentes ont montré l’efficacité à court terme des prothèses duodénales. A l’heure où la survie de ces malades s’accroît, notamment grâce aux progrès de la chimiothérapie, le devenir à long terme des prothèses n’est pas connu. But: Evaluer la nécessité, la faisabilité et l’efficacité à long terme des endoprothèses dans le traitement palliatif des obstructions biliaires et duodénales chez les malades ayant un adénocarcinome pancréatique non résécable. Patients et Méthodes: Tous les malades ayant un adénocarcinome pancréatique non résécable, suivis entre 01/99 et 09/03 étaient étudiés de façon rétrospective. Ceux ayant eu une dérivation chirurgicale initiale étaient exclus. Toute obstruction biliaire ou duodénale survenant au cours de l’évolution de la maladie était notée. En cas d’ictère, une prothèse biliaire était mise en place par voie endoscopique en première intention. Une prothèse duodénale métallique auto-expansive était mise en place en cas de sténose symptomatique confirmée par l’endoscopie ou le transit oeso-gastro-duodénal. Résultats: Cent quarante quatre malades (78 hommes, 66 femmes), d’âge médian 64 ans (32–90), avaient un adénocarcinome pancréatique de localisation céphalique (64%) ou corporéo-caudale (36%), non opérable [localement évolué (60%) ou métastatique (40%)]. La survie médiane actuarielle était de 10 mois (0,7–29,3) (métastatique: 8 mois, localement évolué: 12 mois). L’incidence des obstructions biliaires et duodénales était respectivement de 57% (89% en cas de tumeur céphalique) et 19%, dans un délai médian après le diagnostic respectivement de 0,1 mois (0–24,1) et 2,1 mois (0–37,9). Une prothèse biliaire était mise en place avec succès par voie endoscopique chez 74-malades (90%). En cas de prothèse métallique d’emblée (n = 59), une seule prothèse suffisait jusqu’au décès chez 69% des malades. La durée médiane de perméabilité des prothèses métalliques était de 6,2 mois (0,4–21,1). Une prothèse duodénale était mise en place avec succès chez 26-malades (18%). Une seule prothèse suffisait dans 92% des cas. La durée médiane de perméabilité était de 5,7 mois (0,5–15,7). Vingt et un malades (15%) nécessitaient des prothèses à la fois biliaires et duodénales. L’existence d’une prothèse duodénale ne gênait pas la mise en place d’une prothèse biliaire ou son éventuel changement (89% de succès). Aucune complication majeureni décès lié aux drainages endoscopiques ne survenait. Conclusion: Avec l’allongement de la survie des malades, l’incidence de l’obstruction biliaire s’est peu modifiée. Une seule prothèse biliaire métallique est suffisante chez les 2/3 des malades. L’obstruction duodénale touche près d’un malade sur 5. La faisabilité de la mise en place des prothèses duodénales est excellente. Chez 9-malades sur 10, une seule prothèse duodénale est suffisante, avec une durée médiane de perméabilité de 6 mois.

1 Lévy P, et al. Gastroentérol Clin Biol 2002; 26: A53