Endoscopy 2015; 47(12): 1198-1199
DOI: 10.1055/s-0035-1569588
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Commentaire du travail de Dik VK et al., pp. 1151

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Publikationsdatum:
02. Dezember 2015 (online)

Vincent K. Dik, Ian M. Gralnek, Ori Segol, Alain Suissa, Tim D. G. Belderbos, Leon M. G. Moons, Meytal Segev, Sveta Domanov, Douglas K. Rex, Peter D. Siersema. Multicenter, randomized, tandem evaluation of EndoRings colonoscopy – results of the CLEVER study.

Commentaires:

Les limites classiques de la coloscopie standard sont un angle de visualisation de 140 à 170 ° et la mauvaise exposition par le coloscope de la partie proximale des haustrations coliques et de la partie interne des angles coliques. Ces caractéristiques dépendantes de l’appareil conduisent à une visualisation correcte de la muqueuse évaluée à environ 90 %. Le taux d’adénomes manqués durant une coloscopie traditionnelle pourrait ainsi atteindre 20 à 40 % selon une dernière étude publiée en 2014 ayant comparée la coloscopie standard et la coloscopie “FUSE” (Full Spectrum Endoscopy). Le but du travail de Dik et al. était d’évaluer un nouveau matériel utilisé pour les coloscopies de dépistage, l’EndoRing.

Cette étude a été menée avec l’EndoRing, un matériel peu coûteux qui vise à améliorer les performances de la coloscopie. Il s’agit d’un élastique de silicone circulaire fixé sur la partie distale du coloscope avant le début de l’examen, pourvu de 6 languettes latérales qui permettent d’étirer les plis du côlon durant le retrait de l’endoscope. Cette étude prospective, multicentrique et randomisée a évalué le pourcentage d’adénomes manqués par la coloscopie traditionnelle comparée à la coloscopie avec utilisation de l’EndoRing. Le protocole utilisé était le même que celui employé habituellement dans ce type d’étude, à savoir deux coloscopies pratiquées à la suite durant la même anesthésie générale avec une randomisation pour déterminer si l’EndoRing était utilisé avant ou après la coloscopie standard, par le même endoscopiste toutefois. La qualité de la préparation colique (4 litres de PEG ou picosulfate) était évaluée par le score de Boston. Les coloscopes étaient des EXERA II de chez Olympus 180 ou 190 ou des Pentax 3890. L’objectif principal de l’étude était l’évaluation du taux d’adénomes manqués, défini par le nombre d’adénomes détectés durant la seconde coloscopie divisé par le nombre total d’adénomes détectés durant la première et la seconde coloscopie. Un total de 116 patients a été inclus dans l’étude (âge moyen: 59 ans, sexe féminin: 39 %). Le taux d’adénomes manqués par la coloscopie assistée de l’EndoRing était de 10,4 % vs 48,3 % par la coloscopie standard (p < 0,001). L’utilisation de l’EndoRing allongeait significativement le temps moyen de la procédure, polypectomies incluses (21,6 min vs 18,5 min, p = 0,001). Le taux de détection d’adénomes (TDA) était significativement meilleur lors du premier passage avec l’EndoRing qu’avec le coloscope standard (49 % vs 29 %, p = 0,025). Enfin, le nombre de faux-négatifs au premier passage était de 0 % avec l’EndoRing comparé à 16,9 % avec le coloscope seul (p = 0,001). Les adénomes manqués n’étaient pas des adénomes avancés. Enfin, aucune complication due à l’EndoRing n’était à déplorer.

Ces résultats sont très intéressants et proches de ceux obtenus grâce à l’utilisation du système “FUSE » qui permet une visualisation de la muqueuse à 330° sur trois écrans pour un coût bien plus limité et semblent meilleurs que ceux obtenus avec le “Troisième Œil rétroscope”, autre technique d’amélioration récemment développée. Enfin, l’ “Endocuff” semble être un matériel proche de l’EndoRing avec des résultats sans doute similaires. Quelques limites de l’étude apparaissent évidentes notamment le fait que le même opérateur réalisait les deux examens et que le temps de retrait pouvait être différent selon les 6 opérateurs même s’il n’était toutefois jamais inférieur à 6 min.

En conclusion, cette étude met en évidence un bénéfice significatif à l’utilisation systématique de l’EndoRing pour les coloscopies de dépistage, permettant l’amélioration du TDA de 29 à 49 % et la diminution du taux d’adénomes manqués de 48 à 10 %. Ces bons résultats, qui plus est d’une technique bon marché, mériteraient d’être confirmés à large échelle.