Endoscopy 2015; 10 - A009138
DOI: 10.1055/s-0035-1545391

Prévalence et facteurs prédictifs du recours à la chirurgie pour réséquer les polypes colorectaux ne comportant pas de cancer invasif: étude de population

F Le Roy 1, S Manfredi 1, S Hamonic 1, C Piette 1, G Bouguen 1, F Riou 1, JF Bretagne 1
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Résumé:

Introduction:

Il n'existe pas d'étude en population relative à la fréquence du recours à la chirurgie pour l'exérèse de polypes colorectaux et aux facteurs prédictifs de ce recours, notamment liés à l'endoscopiste.

Patients et Méthodes:

Nous avons analysé à l'échelle d'un département, les données de 4127 coloscopies consécutives réalisées entre 2003 et 2012 pour un test Hemoccult positif comportant au moins un polype indemne de cancer invasif (pT1), soit un total de 8406 polypes. La prévalence du recours à la chirurgie et l'analyse de ses facteurs prédictifs par régression logistique constituaient les buts principaux de l'étude. Les caractéristiques des polypes et des patients étaient entrées de façon prospective dans la base, et les données relatives à l'acte chirurgical et à ses complications à J30 (selon la classification de Clavien-Dindo), de façon rétrospective.

Résultats:

Parmi les 8406 polypes, 209 furent réséqués chirurgicalement chez 171 patients, soit un taux de chirurgie de 4,14% pour l'ensemble de la cohorte. Le taux était de 5,2% et 9,6% en ne considérant que les coloscopies avec adénomes ou adénomes avancés (≥ 10 mm et/ou dysplasie de haut grade ou pTis). Parmi les 171 patients opérés, le taux de complication était de 24,5% incluant un décès par lachage anastomotique ; 31% des complications étaient de grade III ou IV. Parmi les 5 facteurs prédictifs indépendants de recours à la chirurgie identifiés, celui qui avait de loin le plus de poids était la taille du polype: 10-19 mm (OR= 4,7 IC 95% 2,3-9,3), ≥ 20 mm (OR= 64,0, IC 95% 33-125). Les autres facteurs prédictifs de chirurgie étaient le sexe féminin, le nombre de polypes, le siège caecal, et l'histologie (dysplasie de haut grade ou pTis) du polype. Ainsi, le taux de chirurgie était de 30,4% pour les polypes de taille ≥ 20 mm, soit 40,5% chez les femmes et 25,8% chez les hommes (p= 0,005). Pour les 45 endoscopistes, les taux de recours à la chirurgie ajustés sur les facteurs prédictifs identifiés par la régression logistique, variaient de 0% à 23,5% pour les coloscopies comportant au moins un adénome avancé. Les indicateurs de qualité de la coloscopie, comme le taux de coloscopie complète (89,3-100%) ou le taux de détection d'adénomes (16,7-78,4%) par endoscopiste, n'étaient pas corrélés au taux de chirurgie. L'ancienneté de l'endoscopiste dans le programme de dépistage et le nombre de coloscopies réalisées dans le cadre de ce programme n'étaient pas non plus corrélés au taux de chirurgie par endoscopiste.

Conclusion:

Cette étude de population met en exergue un taux de recours à la chirurgie pour l'exérèse de polypes de 4,14%, de 9,6% pour les adénomes avancés, de 30,4% pour les polypes ≥ 20 mm. Une fois l'ajustement fait sur les caractéristiques des polypes et des patients, il existe des variations importantes du taux de chirurgie entre endoscopistes. Il n'y a pas de corrélation entre leurs performances diagnostiques mesurées par le taux de détection des adénomes et le taux de chirurgie. Les raisons des variations observées entre endoscopistes méritent d'être éclaicies, mais témoignent probablement de capacités thérapeutiques interventionnelles variables selon les endoscopistes et/ou de fréquence variable d'adressage à un centre expert pour les «polypes difficiles». Le taux élevé de complications post-opératoires doit être mis en balance avec le taux plus faible de complications de la résection endoscopique des polypes difficiles, rapporté par les centres experts.

Remerciements, financements, autres:

Les auteurs remercient les gastroentérologues et chirurgiens ayant permis cette étude.

Structure: Endoscopie - imagerie