Endoscopy 2015; 47(02): 181
DOI: 10.1055/s-0034-1389859
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Commentaire du travail de Chevaux JB et al., pp. 103

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Publication Date:
30 January 2015 (online)

Jean Baptiste Chevaux, Hubert Piessevaux, Anne Jouret-Mourin, Ralph Yeung, Etienne Danse, Pierre H. Deprez. Clinical outcome in patients treated with endoscopic submucosal dissection for superficial Barrett’s neoplasia.

Commentaires: Emmanuel Coron, Laurent Heyries, Max Barret

Cette étude est, à ce jour, une des plus larges concernant la dissection sous-muqueuse oesophagienne (DSMO) dans le traitement des lésions superficielles précoces développées dans l’endobrachyoesophage (EBO). Elle relate l’expérience monocentrique d’un centre tertiaire belge ayant un recrutement important de ce type de lésion et ayant pris en charge 75 patients traités par DSMO en 7 ans. Il s’agissait de lésions mesurant en moyenne 20 mm, donc non capturables en monobloc par mucosectomie, et qui étaient planes ou discrètement déprimées (Paris 0-IIa ou IIc). La résection était monobloc dans 90 % des cas, avec une taille moyenne de la pièce résection de 5 cm et une durée moyenne d’examen de 117 minutes. En ce qui concerne les complications précoces, on notait seulement 2,5 % de saignements retardés et 4 % de perforations. Toutes ces complications ont pu être gérées efficacement par voie endoscopique. En revanche, le taux de sténose était relativement important (60 %) et nécessitant en moyenne 4 séances de dilatation endoscopique au ballon. Les patients ayant des facteurs prédictifs de sténose étaient traités par corticothérapie orale depuis 2012, sans qu’il soit possible dans cette étude de déterminer si ce traitement était efficace ou non. Sur le plan carcinologique, les résultats de cette série sont également très intéressants puisque l’analyse anatomopathologique montrait un taux de résection complète de 85 % en cas de cancer et seulement 11 % d’envahissement des berges profondes. Dix patients ont reçu un traitement adjuvant: 7 ont été opérés (dont 5 en raison d’une résection incomplète ou du caractère peu différencié et infiltrant la sous-muqueuse de l’adénocarcinome) et 3 autres ont eu une radiothérapie. Enfin, on notait 38 % de résection incomplète au niveau des berges latérales. Afin de limiter le risque de lésions métachrones, l’EBO résiduel était traité chez 42 patients par différentes méthodes endoscopiques: radiofréquence (50 %), plasma argon (36 %), mucosectomie (36 %) ou nouvelle DSMO (29 %). Au terme d’un suivi médian de 20 mois, 92 % des patients étaient en rémission complète de néoplasie et 73 % n’avaient plus de métaplasie intestinale. La mortalité spécifique liée au cancer était de 2,7 %.

En conclusion, les auteurs de ce travail insistaient sur: 1) les bons résultats de la DSMO en terme de sécurité et d’efficacité lorsqu’elle est menée en centre expert; 2) la nécessité de la proposer aux patients ayant des lésions pour lesquelles la mucosectomie oesophagienne risque d’être incomplète (taille > 15 mm, absence de soulèvement suffisant ou haut risque d’envahissement sous-muqueux) ; 3) la nécessité de développer des approches permettant de prévenir les sténoses œsophagiennes qui sont la principale complication de la DSMO.