Endoscopy 2014; 46(02): 260-261
DOI: 10.1055/s-0034-1367517
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Commentaire de travail de MD Rutter et al., pp. 90

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Publication Date:
26 February 2014 (online)

Matthew D. Rutter, Claire Nickerson, Colin J. Rees, Julietta Patnick, Roger G. Blanks. Risk factors for adverse events related to polypectomy in the English Bowel Cancer Screening Programme.

Commentaires: Edouard Chabrun, Laurent Heyries, Gilles Lesur, Laurent Palazzo, Gabriel Rahmi

La prévention du cancer colorectal passe notamment par des campagnes de dépistage visant à rechercher la présence de sang dans les selles. Le programme britannique qui a débuté en 2006 a ainsi permis de proposer ce type de tests à plus de 12 millions de personnes et a débouché sur la réalisation de plus de 130 000 coloscopies. Ces coloscopies sont réalisées par des endoscopistes accrédités dont les compétences pratiques et théoriques sont vérifiées. Le but de ce travail était d’étudier le taux de complications des coloscopies réalisées dans le cadre de ce dépistage et de le comparer aux données de la littérature.

Le nombre de coloscopies étudié était de 130 831 et 167 208 polypectomies étaient réalisées lors de ces examens. Le taux global d’hémorragie post-polypectomie était de 0,65 % (avec 0,04 % de malades requérant des transfusions) et celui des perforations de 0,06 %. Dans ce travail, la réalisation d’une polypectomie augmentait le risque de saignement d’un facteur 11,14 et celui de perforation colique d’un facteur 2,97. La localisation caecale et la grande taille du polype réséqué étaient les facteurs de risque les plus importants de saignement et de perforation. Après ajustement selon la taille du polype, le risque relatif de saignement requérant des transfusions après polypectomie à l’anse d’une lésion caecale était de 13,5 (IC à 95 %: 3,9-46,4) et celui de perforation après résection d’un polype caecal non pédiculé était de 12,2 (IC à 95 %: 1,2-119,5).

Cet intéressant, large et nécessaire travail (une démarche préventive doit toujours être évaluée non seulement dans ses effets positifs mais aussi dans se effets indésirables) confirme une nouvelle fois que la taille des polypes est le facteur de risque essentiel dans la survenue des deux complications majeures de la coloscopie, l’hémorragie après polypectomie et la perforation. Il démontre pour la première fois que la localisation caecale, et non plus seulement la localisation colique droite dans son ensemble, est bien un facteur de risque indépendant de complication notamment en termes d’hémorragies abondantes requérant des transfusions et de perforations. La rareté des polypes pédiculés dans la localisation caecale (4,4 %) participe certainement de ses résultats. Enfin, ce travail montre que le taux de complications dans le cadre d’un programme de dépistage est identique aux taux de complications hors dépistage. Voilà un élément rassurant quant aux campagnes de dépistage telles qu’elles sont actuellement menées et qui doit nous inciter à intensifier ces programmes.