Orateur: A Thibault
Introduction:
Le potentiel dégénératif des adénomes festonnés (AF) est de découverte récente. Leur
histoire naturelle, leur épidémiologie, les facteurs de risque et les aspects endoscopiques
sont encore mal connus. Le but de cette étude était d'étudier les caractéristiques
épidémiologiques et endoscopiques des patients atteints d'adénomes festonnés comparativement
à ceux porteurs d'adénomes classiques.
Patients et Méthodes:
Cette étude rétrospective bicentrique a inclus les patients porteurs d'adénomes festonnés
traditionnels et sessiles sporadiques diagnostiqués par coloscopie ou chirurgie entre
2007 et 2011. Chaque patient porteur d'adénome festonné inclus dans l'analyse était
apparié à quatre patients porteurs d'adénome classique sporadique (tubuleux, tubulo-villeux
ou villeux). Les AF étaient répartis en AF sessiles (AFS) ou traditionnels (AFT) ou
inclassés. L'indice de masse corporelle, la consommation d'alcool et de tabac, la
consommation d'aspirine ou de clopidogrel, les antécédents de polype ou de cancer
colique, les caractéristiques des polypes (forme, taille, localisation, mode de résection,
dysplasie) et l'indication de l'examen étaient comparés.
Résultats:
Quatre-cent-six patients (soit 761 polypes) ont été inclus dans l'analyse. Les adénomes
festonnés étaient diagnostiqués durant la période 2010 – 2011 pour 68% des patients.
Le groupe adénomes festonnés (AF) dénombrait 83 patients (femmes 47%) et comportait
48 adénomes festonnés sessiles, 15 adénomes festonnés traditionnels et 49 adénomes
festonnés inclassés. Il existait un important effet centre avec 61 patients recrutés
dans un centre (27% d'AF inclassés) et 22 patients dans l'autre (90% d'AF inclassés).
Les AF étaient plus souvent plans (51,9 vs. 31,0%, p = 0,002), prédominaient à droite
(68,6 vs. 54,3%, p = 0,001) surtout pour les AFS, ou dans le rectum (9 vs. 4,6%, p
= 0,001). Ils étaient de plus grande taille que les adénomes classiques (taille >
10 mm: 60,8 vs. 25,6% p < 0,001) et 20% d'entre eux étaient référés pour mucosectomie.
Il y avait plus d'adénomes (festonnés + classiques) détectés chez les patients du
groupe AF (2,6 vs. 2 p = 0,001). La dysplasie de haut grade et le carcinome in situ
étaient plus rares que pour les adénomes classiques (7,2 vs. 17,7%, p = 0,019), ainsi
que les antécédents personnels de cancer (2,4 vs. 9% p < 0,0001). Les patients du
groupe AF étaient plus jeunes (64,5 vs. 68,8 ans, p = 0,003), présentaient moins d'obésité
(OR 0,35), moins de diabète (12,9 vs. 25,8%, p = 0,022) et moins de consommation éthylique
excessive (4,4 vs. 15,6%). Il y avait autant de fumeurs dans les 2 groupes.
Conclusion:
Les adénomes festonnés sont plus souvent diagnostiqués dans la période 2010 – 2011
mais restent encore pour une large partie non classifiés en traditionnels et sessiles
par les pathologistes de CHU. Plus de la moitié des adénomes festonnés sont de taille
> 10 mm mais ils sont moins souvent en dysplasie de haut grade ou au stade de carcinome
in situ que les adénomes classiques. Les patients du groupe AF ont en moyenne plus
d'adénomes. Les adénomes festonnés sont classiquement plans et siègent dans le colon
droit pour les 2/3 mais peuvent aussi occuper le colon gauche et le rectum. Les patients
porteurs d'adénomes festonnés sont plus jeunes et ont moins d'obésité ou de diabète
que ceux porteurs d'adénomes classiques.
Structure: Endoscopie – imagerie