Endoscopy 2011; 43(03): 248-249
DOI: 10.1055/s-0031-1291805
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Commentaire de travail de J. H. Kim et al., pp. 190

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Publication Date:
10 February 2012 (online)

J. H. Kim, H. Park, Y. C. Lee and the MIGHT study group. Les œsophagites minimes font elles vraiment partie des lésions endoscopiques du reflux gastro œsophagien pathologique. Etude prospective multicentrique

L'endoscopie digestive permet le diagnostic de RGO lorsqu'elle met en évidence des lésions œsophagiennes érosives (classification de Los Angeles). Chez les patients présentant des signes de RGO sans œsophagite érosive, des publications récentes essentiellement asiatiques distinguent encore les patients avec une endoscopie strictement normale et ceux pour lequel des modifications endoscopiques minimes sont retrouvées. Ces modifications mineures ne sont pas toujours clairement définies et leur signification clinique non validée, les auteurs ont conduit une étude prospective portant sur la pratique d’unes endoscopie digestive dans 30 centres coréens, ayant pour but d’évaluer la valeur diagnostique des modifications endoscopiques minimes pour le diagnostic de RGO.

Un total de 1445 patients consécutifs (662 H, 783 F; âge moyen 50 ans) présentant des modifications endoscopiques minimes étaient inclus. Les critères d’exclusion étaient les suivants: diagnostic de RGO porté auparavant, traitement anti sécréteur, anti inflammatoire pendant les 4 semaines précédentes , œsophagite érosive, œsophage de Barrett, lésion gastroduodénale pouvant être responsable de symptômes. Les endoscopies étaient pratiquées avec 2 modèles d’endoscopes Olympus de la série 260 (système Lucera) par des endoscopistes expérimentés. Les modifications endoscopiques minimes étaient déterminées par 6 critères endoscopiques ayant une concordance inter observateur acceptable à bonne dans 2 publications. Il s’agissait de la présence au niveau de l’œsophage distal d’un érythème, d’une friabilité, d’une diminution localisée de la vascularisation, d’une décoloration blanchâtre et au niveau de la jonction oeso-gastrique d’un effacement de la ligne Z, d’un œdème ou d’une accentuation des plis muqueux. Les patients non informés des constatations endoscopiques étaient soumis au questionnaire GERDQ portant sur les symptômes ressentis pendant la semaine précédente. Le diagnostic de RGO était porté d’après le score de GERDQ.

Un RGO était retrouvé chez 643 patients (44,5%), 845 (55,5%) étaient indemnes de RGO. Les critères endoscopiques les plus fréquemment retrouvés pour l’ensemble des 1445 patients étaient l’effacement de la ligne Z (50,4%) et l’érythème (15,7%). En analyse uni variée, seul le critère œdème ou accentuation des plis muqueux était retrouvé plus fréquemment dans le groupe RGO de façon significative: 16,0% vs 11,5% (p = 0,01). En analyse multi variée, aucune différence n’était observée entre les 2 groupes de patients pour les 6 critères endoscopiques. La prise en compte de plus d’un ou de plus de deux des 6 critères endoscopiques ne permettait pas de retrouver une différence significative entre les 2 groupes. Les auteurs concluaient à l’absence d’association entre les modifications endoscopiques minimes et le RGO nécessitant de reconsidérer leur signification clinique.

Plusieurs limites de l’étude étaient reconnus par les auteurs: non utilisation de la ph-métrie pour le diagnostic de RGO, hétérogénéité des 30 centres, concordance diagnostique inter observateur non validée pour les critères endoscopiques, questionnaires GERDQ non validé dans leur population, absence de prise en compte des patients sans lésions endoscopiques présentant un RGO. Pour notre pratique, cette étude négative nous incite à suivre les recommandations de la conférence de consensus sur le RGO de 1999: “L'endoscopie digestive permet le diagnostic de RGO lorsqu'elle met en évidence des lésions œsophagiennes érosives. Leur présence suffit au diagnostic et rend, le plus souvent, inutile toute autre exploration. L'érythème diffus, la fragilité muqueuse...ont une valeur diagnostique insuffisante pour être utilisés en pratique”. Cette étude confirme l’intérêt des collègues asiatiques pour l’analyse endoscopiques fine des lésions du tube digestif néanmoins concernant l’endoscopie et le RGO, l’essentiel de nos efforts pour améliorer notre pertinence diagnostique devrait se centrer sur le dépistage et le suivi de l’œsophage de Barrett.